Par sa mère, Raymonde Steyaert, il se rattache à une lignée d'artistes flamands, verrier, peintres. Lui, il n'avoue qu'une profession : dessinateur. C'est à ce titre qu'il expose à Arlon en 1979, 1984 et 1986, à Charleroi en 1986 et 1988, à Bruxelles en 1989 et 1993, Virton (1984, 1988, 1990) à Luxembourg, Redu, etc.

L'oeuvre.
L'art que pratique Jean-Pierre Evrard est le dessin aux crayons de couleur ; il redonne véritablement à ceux-ci leur place parmi les matériaux artistiques. Le fait est trop exceptionnel pour qu'on ne le signale pas d'entrée de jeu, d'autant qu'on n'a pas affaire ici à une activité enfantine et maladroite, analogue à celle qu’on pratique à l'âge des culottes courtes. Jean-Pierre Evrard se distingue de deux manières, par son art du dessin et par l'univers qu'il nous invite à découvrir. Le premier est méticuleux, sans repentirs, tout en finesse et en nuances. Le trait est précis et d'une légèreté remarquable. L'univers, lui, nous déconcerte au premier abord. Flamand par la famille de sa mère, Ardennais par son père, l’artiste se singularise déjà en ne proposant pas des paysages « régionaux ». Apparemment, cela ne l'a jamais intéressé. Son univers à lui fart bien davantage penser à la Scandinavie avec sa mer, se plages ponctuées, ici et là, de roches ou de maisons, des cabanes plutôt, construites à l'abri des vents et dont le toit fume, attestant que dans ces vastes solitudes une présence humaine s'accroche. Inévitablement, on pense à un pays de légendes. Cette impression se trouve confortée lorsqu'on découvre, comme dans Gulliver, de petits êtres se déplaçant, par exemple, dans d'immenses assiettes, c'est-à-dire quand personnages et décors ne sont pas à la même échelle. De plus, on s'aperçoit que des falaises sont formées de livres. Falaises parce que l'on croit voir des algues, des mousses vert brun, mais livres parce que les nervures de leurs dos reliés de cuir saillent et que, d'aventure, on distingue les pages ou simplement la tranche.

Symbolisme
Le livre comme barrière face à l'assaut des flots, le livre comme élément indispensable au paysage - donc au paysage mental de l'homme ?
Peut-être. Il reste qu'à la finesse de son trait Jean-Pierre Evrard associe poésie et ressources de l'imaginaire. Retour en enfance. Capable de révéler l'univers qu'il porte en lui, il est du même coup un introducteur à une autre réalité, plus sereine et où l'homme, tout à coup, retrouve sa respiration et l'accord avec le monde. Dictionnaire des peintres du Luxembourg Belge 1995 Editeur Omer Marchal