Ces images s'adressent à vous, le ton est simple, il capture le regard, l'esprit, l'imagination. Longeant les sillons galactiques, les couleurs explosent discrètement çà et là dans la poussière des étoiles ou au cœur de supernovae éclatantes.
Des héroïnes idéales inapprochables, lointaines se dressent devant notre conscience artistique et dans ce qu'elles ont de plus inaccessibles, nous abordent et brisent en un trait de regard les barrières sidérales et les années-lumière pour nous contacter, nous rencontrer, nous interpeller...
Une première approche de son oeuvre se réfère à ces lectures d'anticipation ou l'on se plaît à exacerber le présent, en le projetant dans le futur. Jean-Claude est un lecteur passionné de science-fiction, ainsi il se joue à concevoir des espaces ou des utopies qu'il a découverts de livre en livre afin de constituer son univers parallèle. Les lecteurs initiés à la SF se retrouveront par ces illustrations en terrain connu. Nombre de références d'un univers qu'ils ont imagés et intérieurement construites dans leur lecture se trouvent ici tout à coup révélées. Mais sa vraie passion, c'est l'image, la représentation visuelle et les nombreux défis qu'elle pose à tous ceux qui s'y intéressent. Il est passionné par l'image, qu'elle soit graphique ou photographique, instantanée ou narrative.

Une telle série d'illustrations ne tombent pas du ciel, il ne s'agit pas d'une improvisation et il y a bien entendu tout un parcours avant d'en arriver à ce qu'il nous montre aujourd'hui. Deux étapes, deux passages sont à relever dans le cheminement qui a abouti à l'œuvre exposée, la B.D. et la photographie.

Membre et animateur du photo-club d'Etalle pendant de nombreuses années, il ne s'intéresse pas tant à travailler sur la reproduction de la réalité. Jean-Claude maîtrise les techniques de montage qui lui permette d'insérer des espaces photographiques l'un dans l'autre et de détourner cette technique que l'on prend souvent trop naïvement pour une machine à enregistrer une copie de la réalité. La série de photographies qui en résultent provoque l'étonnement et fait déjà rêver. S'il a fait le grand saut en se détachant de la technique photographique pour se mette à l'épreuve de la page blanche et de la création pure par le dessin, la couleur, et l'imagination, c'est en s'évertuant à apprivoiser une technique graphique, l'aérographie, qui lui permettait de conserver tout l'effet de réalisme de la photographie.
C'est bien le plus surprenant dans ce qu'il nous montre, un univers on ne peut plus rêvé, qui échappe au temps présent et à la réalité et qui pourtant s'impose à nous avec le poids d'un instantané photographique.

Nous avons souvent au sortir d'un rêve cette impression d'une image confuse et impalpable, Destabul, lui, nous montre des rêves entrevus avec toute la précision et la netteté d'une photographie. C'est de cette tension que naît toute l'émotion de ces illustrations.

À partir de l'image unique qu'il propose, on est invité à inventer un début et à imaginer une suite. Et cela d'autant plus que l'on est sans cesse balancé entre d'une part l'anticipation, le futur qui crée un espace infini, libéré de toutes les contraintes et d'autre part des références explicites à nos racines, à notre passé, à notre mythologie, il suffit de parcourir les titres des oeuvres pour s'apercevoir que s'imbriquent ainsi très intimement références aux grandes figures mythologiques et projections vers le futur. Mais ce qui permet ainsi à l'artiste de condenser passé et futur et d'échapper au temps présent, c'est l'unique et même sujet qu'il travaille inlassablement, la figure féminine, qu'elle apparaisse comme mère, soeur, femme ou amante, Destabul nous rappelle que l'humanité vient de la femme et nous montre que la femme est l'avenir de l'homme, il nous indique qu'elle est son seul et unique vecteur pour pouvoir affronter le futur incertain.

Ne cherchez pas la touche de l'artiste, il n'y en a pas, il travaille sans pinceau et sans filet. Au départ une machine, un moteur, et à l'arrivée un jet de couleur propulsée, une peinture finement bombée par des gestes aériens qu'il faut parfaitement maîtriser L'aérographie est une technique très exigeante, principalement employée en publicité pour rendre plus réel et donc plus désirable ce que l'on cherche a vendre. Bien peu d'artistes se sont risques à cette technique en dehors du domaine de la publicité, Les aérographies de Destabul elles ne vendent rien et n'imposent rien, elles donnent à voir l'impossible rêvé.